Plus les pays sont favorables à l’égalité femmes/hommes, moins il y a de filles dans les STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). C’est le paradoxe de l’égalité entre les sexes.
Chaque année, les statistiques sur les choix d’orientation genrés se suivent et se ressemblent : en France – et plus généralement en Europe – les filles optent moins que les garçons pour les filières sélectives ou scientifiques, à l’exception des études de santé. De nombreuses recherches tentent de mieux comprendre les causes de cette ségrégation sexuée dans le choix des disciplines et des métiers.
Cependant, la sous-représentation féminine dans les STEM n’est pas équivalente dans tous les pays du monde. Selon les chercheurs, les pays les moins bien classés sur le plan de l’égalité hommes-femmes ont les plus hauts pourcentages d’étudiantes dans les domaines techniques et scientifiques.
Et les chiffres sont éclairants : en Iran, en Algérie et en Arabie Saoudite, où le taux d’emploi des femmes est respectivement de 19%, 18 % et 16 %, la proportion des jeunes diplômées dans les STEM est de 60 %, 49 et 46 %. Comparativement, en France, avec un taux d’emploi de 67,6 %, les femmes ne représentent que 17 % des diplômées dans les TIC.
Une étude controversée de Gijsbert Stoet et David C. Geary fait pour la première fois état de la théorie du paradoxe de l’égalité de genre en 2018.
Selon l’étude, à compétences égales, les femmes des pays dits égalitaires se dirigeraient plus facilement vers des filières ne nécessitant pas de compétences en mathématiques. Les deux chercheurs américains y voient une preuve de l’existence d’une différence d’intérêts et d’attentes professionnelles fondamentale entre les femmes et les hommes. Dans les pays les plus inégalitaires, les femmes donneraient la priorité aux carrières stables et lucratives, justement comme celles que peuvent amener les débouchés en STEM.
Une équipe de chercheur.euses de l’Université Paris Dauphine- PSL* apporte en 2020 une autre éclairage. Selon leur étude, il apparait clairement que les choix d’orientation sont fortement conditionnés par les stéréotypes qui associent les mathématiques aux hommes. Or, les stéréotypes apparaissent plus fortement marqués dans les pays développés et égalitaires.
« Lorsqu’on tente d’expliquer les différences de choix scolaires entre filles et garçons dans un pays simultanément par notre mesure des stéréotypes de genre et les mesures de développement ou d’égalité, ce sont systématiquement les stéréotypes qui continuent de prédire les choix scolaires » écrivent-ils/elles dans un article de The Conversation. Leur conclusion : une politique appropriée est nécessaire pour apporter un changement.
Lutter contre les stéréotypes de genre dans nos ateliers collectifs et stimuler la confiance en soi des lycéennes via le mentorat pour favoriser une orientation éclairée sont les objectifs de notre programme. Sans doute un début de solution !
*Thomas Breda, Elyès Jouini, Clotilde Napp et Georgia Thebault