Partir d’un village des Vosges pour rejoindre une grande école d’ingénieur·es à Paris, c’est le pari qu’Élodie Bender a relevé avec brio. Ancienne filleule du programme Capital Filles en 2020-2021, elle suit aujourd’hui une spécialisation en biotechnologies et chimie à l’école CY Tech et veut dédier sa vie professionnelle au combat contre le cancer.

Trouver sa voie
Lorsqu’Élodie est au lycée Pierre-Mendès France à Épinal (88), elle suit un baccalauréat à dominante scientifique, passionnée par les sciences mais indécise quant à son avenir. « J’avais de bonnes notes, j’aimais les sciences, mais j’étais complètement perdue pour mon orientation. Pour mes profs, peu importait ce que j’allais choisir », raconte-t-elle.
Malgré des tests d’orientation qui la poussent systématiquement vers la médecine, elle ne s’y reconnaît pas, « trop de bachotage » à ses yeux. Son grand frère, en prépa ATS, lui ouvre l’horizon des écoles d’ingénieurs.

Ouvrir ses perspectives
Sa rencontre avec sa marraine Capital Filles, Lilia Hammami, est déterminante. « Lilia était ingénieure, discuter avec elle m’a apporté des clés ». Grâce à ses conseils, avec le soutien de ses parents, Élodie opte pour une classe préparatoire aux écoles d’ingénieur•es en deux ans à Metz.
La première année de prépa est rude : un rythme intense, l’éloignement familial. Elodie se souvient : « Nous étions 10 filles dans une classe de 42 élèves, mais je n’ai jamais ressenti cela comme un problème. Avec mes camarades, nous avions des évaluations écrites hebdomadaires et des khôlles (oraux) 2 fois par semaine. A mon sens, la difficulté des épreuves et les classements égalisent les relations filles-garçons “.

Comprendre le vivant
Après avoir réussi les concours, Élodie choisit d’intégrer l’école CY Tech en région parisienne, dans la filière biotechnologies et chimie, son premier choix. Durant son cursus, l’étudiante est marquée par une rencontre avec une équipe de chercheurs qui travaillent sur les cancers. Elle se passionne pour la robotique médicale et les biomatériaux appliqués à la santé : « Cela m’intéresse de comprendre le vivant, de savoir pourquoi et comment soudain le corps se détruit » explique-t-elle.

S’engager à son tour
Parallèlement à ses études, Élodie s’est engagée dans l’association Ambitieuses Ingénieuses, où elle suit des lycéennes issues de REP pour les aider à envisager des carrières scientifiques. Elle participe également aux forums d’orientation de son ancien lycée pour encourager l’ambition des filles « trop nombreuses à quitter les études scientifiques après la seconde ». Aujourd’hui en master biologie-santé, spécialisé en biomatériaux pour la santé, Élodie se prépare à explorer la nanotechnologie lors de son semestre en Erasmus, à l’Université de Parme, en Italie.

Pousser les murs
Son conseil aux lycéennes ? « Je leur dirais de s’écouter et de ne jamais se faire imposer des choix qui concernent leur avenir. Et également qu’il est important d’être accompagnée. Si je n’avais pas reçu d’aide, j’aurais pu prendre une voie sans réelle motivation. Il y a tellement de métiers qu’on ne connaît pas… Puis un jour, quelqu’un vous parle de son parcours et cela provoque un déclic : « c’est ça que je veux faire ! ».
Quand on lui demande qui l’inspire, Élodie répond sans hésiter : « Ma prof de mathématiques expertes au lycée. Elle nous disait de pousser tous les murs pour faire ce qu’on voulait. Simple, basique, efficace. »